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Santé des aînés

Le problème des tranquillisants

- Dr Ray Baker

Joanne (nom fictif) a commencé à prendre des tranquillisants il y a deux ans. C'était après une deuxième crise de panique, au moment où son mariage battait de l'aile et qu'elle ne réussissait plus à trouver le sommeil. Pendant un certain temps, les pilules ont été efficaces. Mais aujourd'hui, elle se sent aussi anxieuse et déprimée qu'avant le traitement. Récemment, elle a essayé d'arrêter la médication. Après trois jours, elle a commencé à éprouver une aggravation de son anxiété, de son insomnie, de ses tremblements, sans parler de ces étranges douleurs fulgurantes qui lui traversaient l'abdomen et le pelvis. Elle a fait renouveler son ordonnance et a recommencé à prendre le médicament. Mais à présent, elle se sent piégée…

La paix d'esprit, la sainte paix… Voilà souvent la raison pour laquelle nous buvons de l'alcool, le sédatif hypnotique non barbiturique que préfèrent les Canadiens. Au fil des ans, on a mis au point des neurodépresseurs du système nerveux central : oxyde de diéthyle (« éther »), hydrate de chloral et barbituriques. Puis vint le Librium (chlordiazépoxide) et enfin le Valium®, suivi par de nombreux nouveaux membres de la famille des benzodiazépines.

Parmi les membres des benzodiazépines, on retrouve les médicaments ci-après (les noms de marque commencent par une majuscule, tandis que les noms génériques sont entre parenthèses) : Valium (diazépam), Xanax (alprazolam), Restoril (témazepam), Rivotril (clonazépam), Serax (oxazépam), Ativan (lorazépam) et Halcion (triazolam). Parmi leurs caractéristiques principales, seules les distinguent leur rapidité d'action et la durée de leur effet. Qu'on les utilise pour traiter l'anxiété, les spasmes musculaires, l'insomnie ou même la dépression n'est que qu'une question de mise en marché. Ces médicaments agissent en s'attachant aux récepteurs du cerveau, où ils réduisent ou atténuent la fonction de ces cellules nerveuses particulières. Si ces neurones sont trop actifs, ils provoquent de l'anxiété, de la panique, des réveils nocturnes perturbant le sommeil ou des crises d'épilepsie; les pilules exercent leur effet miraculeux en soulageant le symptôme problématique.

Le seul problème, c'est que l'usage continu des ces médicaments cause parfois des problèmes plus graves que le symptôme pour lequel ils ont été prescrits.

Pour certains problèmes graves, les benzodiazépines sont extrêmement précieuses. Malheureusement, elles sont prescrites et consommées de façon excessive. Ces médicaments ne devraient être utilisés qu'en cas de diagnostic formel et que si les avantages l'emportent sur les risques potentiels. À quelques rares exceptions près, le patient ne devrait prendre des benzodiazépines que pendant plusieurs jours à plusieurs semaines, puis cesser le traitement. Les études ont démontré qu'après plusieurs semaines de thérapie avec ce type de médicament, en raison des changements adaptatifs se produisant dans le cerveau, les niveaux d'anxiété, de dépression, d'insomnie et de tonus musculaire revenaient aux niveaux qui sévissaient avant le traitement. La recherche clinique a fait la preuve que l'usage prolongé des benzodiazépines aggravait en fait l'anxiété et la dépression. Les autres effets indésirables comprennent l'interférence avec la mémoire, l'incoordination et les chutes, le risque accru d'accidents d'automobile et les problèmes cognitifs; il existe également un potentiel d'accoutumance, particulièrement chez les personnes présentant un risque plus élevé en raison de troubles antérieurs de dépendance aux médicaments ou d'antécédents familiaux. Les personnes âgées tolèrent mal les benzodiazépines; elles éprouvent de nombreux effets secondaires, tels la confusion, l'incoordination provoquant des chutes et des symptômes se confondant à la démence.

Pour les troubles anxieux et panique, les troubles du sommeil et la dépression où une thérapie médicamenteuse de longue durée s'avère nécessaire, il existe des solutions pharmacologiques sécuritaires et ne créant pas d'accoutumance. La psychothérapie, telle la thérapie cognitive, a démontré qu'elle était supérieure aux benzodiazépines pour le traitement de nombreux problèmes émotionnels.

L'interruption d'un traitement à la benzodiazépine chez les personnes qui en prennent depuis plus de plusieurs mois doit être faite de façon graduelle et sous surveillance médicale. Un arrêt brutal de la médication peut déclencher un syndrome de sevrage grave susceptible de se manifester pendant un à plusieurs jours; le syndrome peut varier en gravité, allant de l'agitation, de l'anxiété et de l'insomnie jusqu'à l'hypertension, les palpitations, les vomissements et les crises d'épilepsie. Il est souvent difficile de distinguer les symptômes de sevrage des réactions ou rechutes associées aux symptômes psychiatriques originaux. Chez certaines personnes qui ont pris des benzodiazépines pendant une longue période, le syndrome de sevrage est prolongé; il est accompagné de symptômes perturbateurs sur les plans cognitif et neurologique ainsi que pour plusieurs organes du système. Dans certains cas, les symptômes peuvent persister pendant de nombreux mois.

Si vous êtes préoccupé parce que vous consommez ce type de médicament, parlez-en à votre médecin. Dans l'hypothèse où la médication est toujours efficace et que vous ne ressentez aucun effet secondaire important, vous souhaiterez peut-être poursuivre le traitement. À supposer que vous voulez interrompre la prise de médicament, il serait préférable que votre médecin vous dirige vers un spécialiste en toxicomanie; ce dernier pourra établir un protocole sécuritaire et progressif de détoxification. Si vous êtes déjà dépendant du médicament, il importe que vous bénéficiiez d'un counseling supplémentaire en matière de toxicomanie et d'une thérapie de prévention de la rechute. Ainsi, vous pourrez apprendre des habiletés d'adaptation non chimique pour vivre sans médicament et vous sentir bien dans votre peau.


Dr Ray Baker est médecin d'exercice privé depuis 25 ans. De 1993 à 1997, il a représenté le Canada au sein du conseil d'administration de la American Society of Addiction Medicine, organisme d'accréditation nord-américain dans ce domaine spécialisé de la médecine. Son champ d'expertise clinique spécial est l'évaluation et la planification du traitement du travailleur handicapé par une déficience invisible (stress, dépression, syndrome de la douleur chronique ou troubles associés à la consommation d'alcool et de drogues).


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